"Il est capable de shooter de très très loin": Matthew Strazel, le tireur d'élite de la Roca Team vers un 5e titre d'affilée face à Paris?

Servi par Elie Okobo, il a dégainé avec son bras droit. Le long de la ligne de touche, bien plus loin que la ligne des 6,75m. Devant le banc du Paris Basket et au buzzer, s’il vous plaît, histoire de boucler ce troisième quart-temps avec panache pour permettre à Monaco de recoller à un point (55-56, 80-74 au final). Dimanche après-midi, l’ASM faisait la course derrière son meilleur ennemi à dix minutes du terme quand Matthew Strazel a placé une ogive téléguidée. Un gros tir dont le gamin de Bourg-la-Reine a le secret et de nature à décontenancer n’importe quelle défense. Un atout de poids qu’il avait quelque peu perdu depuis le début de cette série, bien surveillé par les cerbères parisiens. "Je pense qu'ils faisaient un bon taf défensivement sur moi, reconnaît le meneur. Ils ont réussi à me mettre dans le doute, à me faire hésiter. J'ai essayé de simplifier les choses, de jouer sur mes qualités. Je savais qu'il suffisait d'un tir pour me donner un peu de confiance. C'est comme ça que je marche."
"Il a toujours dû se battre"Strazel en plantera quatre dans ce dernier match à la maison, retrouvant une adresse bienvenue pour la Roca Team (57%). Sa faculté à aligner, l’ancien de l’Asvel l’a toujours eue selon Nicolas Lang, shooteur le plus prolifique de l’histoire de la Betclic Élite. L’expérimenté Limougeaud a croisé son jeune coéquipier dans le Rhône il y a quelques années et lui reconnaît talent et persévérance. "Il était espoir quand j'étais pro, situe l’arrière de 35 ans. Ça a toujours été un jeune avec un très fort caractère, qui n’a peur de rien. Mais on a toujours l'impression qu'il doit prouver: depuis cinq-six ans, à chaque fois qu'il fait quelque chose de bien on dirait qu’il doit repartir de zéro l’année d’après. Il a toujours dû se battre et ça lui a forgé un caractère à toute épreuve. Des gens peuvent ne pas aimer sa façon de faire, mais sans ce caractère, il ne serait pas à Monaco en train de jouer 25-30 minutes par match. Actuellement, c'est le patron avec Elie (Okobo)."
Deux façons de prendre les tirsUne mentalité de gagneur qui le laisse dans le coup même quand la réussite le fuit. Avec un maigre 3/10 à 3 points et 7 d’évaluation en moyenne après trois matchs dans ces finales, Strazel savait qu’il était attendu sur le game 4. Le petit gabarit (1,82m) a répondu présent. "Mon but n'est pas de faire des cartons offensivement, c'est juste de remporter le match, élude-t-il. Si ça doit être à la création en faisant 10 passes, ce sera en faisant 10 passes. Si ça doit être en marquant des tirs, ce sera en marquant des tirs." Le jeune homme aux dreads a deux façons d’actionner la gâchette. "ça dépend d'où il shoot, analyse Nicolas Lang, expert en la matière. On sait qu'il est capable de shooter de très très loin. Dans ce cas, il sera beaucoup plus stable sur sa base et le shoot va partir d'un peu plus bas. Quand il se retrouve plus vers la ligne des 3 points, on voit vraiment qu'il va partir sur un 'jump shot'."
Une question de coordinationAvec un petit saut qui lui permet de prendre de la hauteur mais lui demande plus de maîtrise technique. "Avant il ne trouvait pas forcément toujours le bon timing entre le saut et le moment où il fallait lâcher le ballon, compare Nicolas Lang. Avec l'expérience, on sent qu’il arrive à trouver ce relâchement qui lui permet de mettre des gros shoots."
À 22 ans, l’international français fait partie des jeunes de l’escouade de Vassilis Spanoulis. Pas forcément des moins expérimentés: depuis 4 ans, il remporte le titre national à chaque fin de saison. Ce soir, il aura sans doute quelques occasions de dégainer pour espérer soulever encore le trophée. Cinq fois de suite, depuis le premier championnat de France recensé en 1921, ça n’a jamais été fait.
Nice Matin